Lundi dernier, bonjour tristesse.
Envie de retrouver les personnes qui me sont chères.
Envie de partager leur quotidien et d'y retrouver une place.
Envie d'avoir une prise sur ce qui se passe là-bas, quand je ne suis pas là.
Envie de discuter avec ceux qui m'écoutent et me comprennent.
Envie de fraîcheur et d'un lit sans crottes de souris.
Envie d'un bon verre de vin aussi.
En somme, le mal du pays.
Le pas et le cœur lourds, je pars rejoindre le groupe des femmes de Diamaguene (ça devait être le matin, mais comme j'avais très mal dormi, je l'ai décalé à l'après-midi). Leur bonne humeur et leur enthousiasme ne viennent à bout de cette irrépressible envie de pleurer et de mon besoin de solitude. Mais il faut se montrer vaillante et jouer son rôle de formatrice. Je lance un nouveau produit, un sac avec les portes traditionnelles de Saint-Louis brodées dessus, qui enthousiasme fort l'équipe. Une esquisse de sourire se dessine sur mon visage. Puis je reçois un message qui me met du baume au cœur, puis j'achète du coca et de l'eau pour étancher notre soif à toutes, puis les femmes me disent qu'elles sont vraiment contentes de moi (seconde couche de baume), puis je me rends au marché avec l'une d'entre elles pour acheter du tissu et la lumière est magnifique, puis je me perds dans le dédale des ruelles du marché et les morceaux de ciel doré qui se détachent parmi les toitures bâchées m'émerveillent, puis je prends quelques photos près de la rive où des enfants talibés me rejoignent, puis on parle, on rit et leurs yeux étincèlent (troisième couche de baume), puis je traverse la route pour prendre un taxi et monte sur le trottoir pour éviter de me faire écraser, puis, mon sac d'ordinateur sur le dos, mon sac d'appareil photo en bandoulière, un sac plastique rempli de tissus dans la main gauche, 4m² de mousse sous le bras droit, je glisse dans la boue et alors, amusée, réconfortée par ces belles émotions de la journée, je recouvre mon sourire.
Se nourrir des belles choses.
Ce sont elles qui (me) font vivre.