dimanche 3 octobre 2010

Thiéboudiène chez Fatou (en cours d'écriture)

Repas dominical chez Fatou, notre cuisinière - femme de ménage - lavandière. En un mot: notre boniche (ne soyez pas choqués, c'est le nom qu'on leur donne ici. Sans jugement de valeur - je pense. C'est comme bougnoule: ça veut dire noir en wolof. Alors parfois, quand certains m'interpellent: "Eh! Toubab!", je réponds: "Eh! Bougnoule!". Ça les étonne d'abord, puis ça les fait sourire.). Fatou n'habite pas très loin de chez nous. Guillaume y est allé une fois, au début du séjour. Moi, jamais. Se souvenir de la route dans ces ruelles en damier qui se ressemblent n'est guère facile. On marche pendant une demi-heure au moins. J'en profite pour dégainer mon appareil de temps à autre, tantôt charmée, tantôt désolée par l'ambiance "après les inondations".





A force de demander aux habitants: "Vous connaissez Fatou Diakhaté?", on a fini par arriver chez elle. Toute la famille était réunie: ses quatre ou cinq enfants avec leurs conjoints et leurs propres enfants. Ca faisait un beau petit monde.

Fatou m'a fait visiter les lieux: une maison spacieuse et bien équipée avec une grande cour. Ca m'a fait plaisir de la voir si bien installée.

J'ai dégainé mon appareil une fois encore, quelques minutes avant le repas.
   

mercredi 29 septembre 2010

Poulet Yassa - Repas de clôture

Dix heures - maison de quartier de Diamaguene et marché de Sor

Rendez-vous avec Awa et Astou, direction le marché. Sur la liste: des oignons, de l'ail, du riz, des piments, du poivre, des citrons, quinze 'djumbo', un sachet 'mami', trois carottes et quatre navets (pour la décoration), du beurre, du thé, une botte de menthe, du sucre, des canettes 'Bess' (les meilleures, c'est du jus concentré), des bananes, des pommes, un sachet d'olives (pour la décoration encore), de la moutarde, du vinaigre et bien sûr, de l'huile! Les cinq poulets, Awa les a déjà ramenés à la maison de quartier.
Une grande bassine entre les mains (celles d'Astou et d'Awa: elles ne veulent pas que je porte), on déambule dans le marché, en sautant de temps à autre au-dessus des flaques ou des restes de poissons couverts de mouches et de larves. 


(la photo date d'il y a quelques jours, l'eau s'est un peu évaporée depuis, mais stagne encore. L'orée du marché se trouve à l'arrière plan.)

Il fait chaud. Très chaud. Astou me demande: "Tu peux me prêter ton épouvantail, s'il te plaît?" Je ris. Et lui explique ce qu'est un épouvantail. Elle rit à son tour, mais je sens bien qu'elle n'a pas tout à fait compris. Et pour cause! Elle répète un quart d'heure plus tard: "Tu me prêtes ton épouvantail?"

On termine les courses. A ma manière de marchander, elles me font remarquer que je suis devenue une vraie Sénégalaise. 

Je propose aux filles de rentrer en taxi (au moins vingt kilos à porter et, j'insiste, quelle chaleur!). Moi, je dois acheter de la mousse pour que Yama et Oumou puissent faire la sangle de leurs sacs.

Onze heures trente - maison de quartier de Diamaguene

Je reviens, le mètre de mousse sous le bras. Toutes les femmes sont là. Actives. Rokhaya et Coumba lavent les poulets, Astou et Awa pèlent les oignons, Anna épluche les carottes et les navets, Michelle et Fama préparent la sauce, l'autre Astou termine de coudre un sac qui m'est destiné (elles m'ont presque toutes fait cadeau d'une pochette ou d'une sacoche. J'en ai neuf!), l'autre Fama l'aide, Oumou poursuit son ouvrage (un sac en bandoulière. Elle me le présentera en début d'après-midi, contente d'avoir fini: "Il est beau, Oumou, mais n'aurais-tu pas oublié de broder la porte dessus? - Hiiii! Tu rajoutes toujours du travail!"). Je fais le bilan du matériel avec Fatoumata, la présidente de l'association des couturières. Puis immortalise chaque participant avec son oeuvre.

Et profite du rayon de soleil qui pénètre dans l'atelier pour photographier les sacs, les boîtes et les trousses déposées pêle-mêle sur une des tables.


Seize heures - A natte (enfin)!

Rokhaya, Fatoumata et Coumba apportent les plats. L'odeur qui s'en dégage excite mes papilles.


On s'assoit sur les nattes, en cercle autour des grandes assiettes. "Tu as déjà mangé avec les mains?" me demande Astou. "Oui, oui, mais je ne sais pas si je m'en sors très bien." Au cours du repas, je comprends d'où vient ma difficulté: je mange du bout des doigts alors qu'il faut y aller à pleine main! Presser la nourriture en serrant fort le poing, laisser l'huile couler sur la paume et les phalanges, malaxer de manière à former une boulette, porter à la bouche et gober d'un seul trait. "Tu y arrives bien", commente Awa. J'avoue en tirer une certaine fierté :-)


L'appétit rassasié et l'envie de s'adonner à une sieste se faisant fortement ressentir, je propose de terminer la séance et la formation sur une 'photo de famille'.


"Quand est-ce qu'on se revoit, Clémentine?", "Tu reviens quand, Clémentine?". On a beau se retrouver le 9 octobre pour la cérémonie de clôture, ce n'est pas sans un pincement au cœur que je les quitte..

lundi 27 septembre 2010

Se nourrir des belles choses

Lundi dernier, bonjour tristesse.
Envie de retrouver les personnes qui me sont chères.
Envie de partager leur quotidien et d'y retrouver une place.
Envie d'avoir une prise sur ce qui se passe là-bas, quand je ne suis pas là.
Envie de discuter avec ceux qui m'écoutent et me comprennent.
Envie de fraîcheur et d'un lit sans crottes de souris.
Envie d'un bon verre de vin aussi.
En somme, le mal du pays.

Le pas et le cœur lourds, je pars rejoindre le groupe des femmes de Diamaguene (ça devait être le matin, mais comme j'avais très mal dormi, je l'ai décalé à l'après-midi). Leur bonne humeur et leur enthousiasme ne viennent à bout de cette irrépressible envie de pleurer et de mon besoin de solitude. Mais il faut se montrer vaillante et jouer son rôle de formatrice. Je lance un nouveau produit, un sac avec les portes traditionnelles de Saint-Louis brodées dessus, qui enthousiasme fort l'équipe. Une esquisse de sourire se dessine sur mon visage. Puis je reçois un message qui me met du baume au cœur, puis j'achète du coca et de l'eau pour étancher notre soif à toutes, puis les femmes me disent qu'elles sont vraiment contentes de moi (seconde couche de baume), puis je me rends au marché avec l'une d'entre elles pour acheter du tissu et la lumière est magnifique, puis je me perds dans le dédale des ruelles du marché et les morceaux de ciel doré qui se détachent parmi les toitures bâchées m'émerveillent, puis je prends quelques photos près de la rive où des enfants talibés me rejoignent, puis on parle, on rit et leurs yeux étincèlent (troisième couche de baume), puis je traverse la route pour prendre un taxi et monte sur le trottoir pour éviter de me faire écraser, puis, mon sac d'ordinateur sur le dos, mon sac d'appareil photo en bandoulière, un sac plastique rempli de tissus dans la main gauche, 4m² de mousse sous le bras droit, je glisse dans la boue et alors, amusée, réconfortée par ces belles émotions de la journée, je recouvre mon sourire.

Se nourrir des belles choses.
Ce sont elles qui (me) font vivre.


Réponse à la devinette saint-louisienne

(attendue avec impatience, j'imagine!)

Si le pont Faidherbe est aussi léger, c'est parce qu'il est fait d'herbe :-)

(ils sont très forts...)

lundi 20 septembre 2010

L'heure du conte



 


Devinette saint-louisienne

Pourquoi le pont Faidherbe est-il si léger?

(réponse lundi prochain)

dimanche 19 septembre 2010

Première danse

Hier, en rentrant d'Océan et Savane - campement entre l'océan et le fleuve où nous nous sommes gobergés toute l'après-midi -, j'ai entendu des percussions depuis notre terrasse.

Un mois que je suis au Sénégal et je n'ai toujours pas dansé. Quelle frustration! Il y a eu le ramadan jusqu'à la semaine dernière, la fatigue après les journées d'atelier et une soirée concert annulée vendredi. Je me retrouve à danser seule dans ma chambre certains soirs; ce n'est pas vraiment ce à quoi je m'attendais... Alors, je suis descendue dans la rue et ai marché jusqu'à une petite cour, guidée par le rythme du sabar. 

Trois femmes et quelques enfants sont postés à l'entrée. Je me glisse parmi eux et découvre une foule de femmes assises en U, le regard enthousiaste dirigé vers le groupe de musiciens qui anime cette petite fête de quartier. 

Une Blanche parmi les Noirs passe rarement inaperçue: un des musiciens me repère et me fait signe de venir prendre place dans le cercle. J'obtempère. A peine suis-je assise qu'il m'appelle à ses côtés, sur la "scène", pour quelques pas de danse. C'est très furtif, un mouvement de bassin et c'est fini. D'autres femmes après moi sur la piste. Des rires, des applaudissements. Un jeu de séduction avec les percussionnistes de temps en temps. J'aimerais y retourner. Ne pas suivre les pas traditionnels, mais improviser. C'est comme ça que j'aime danser. Mais je n'ose pas. Je voudrais que quelqu'un m'invite à nouveau au milieu de l'attroupement. Rien d'abord. Puis une petite fille à ma gauche me tapote l'épaule et me dit: "Tu vas danser? Allez, vas danser." Il ne m'en faut pas plus. Je me lance. Pieds nus sur le sable. Quelle agréable sensation! J'aimerais rester là longtemps, mais je ne pense pas que ce serait bien vu par les femmes: lors du sabar, les moments de danse sont très courts, quelques minutes puis on se rassoit. On peut y retourner autant de fois que l'on souhaite, mais j'ai l'impression qu'il ne faut pas monopoliser la piste. Je danse donc, un peu. Deux rappels de leur part: je danse un peu plus. Mais pas encore assez pour rassasier mon appétit. 

J'ai dit aux garçons que je partais une demi-heure. Ils ont peut-être besoin des clefs. Je rentre. 
   

mercredi 15 septembre 2010

Atelier 'maquettes textile'

Installées dans la maison de quartier de Diamaguene, assises sur une natte pour certaines, sur des chaises pour d'autres, nous dessinons, découpons, cousons et brodons nos petites maisons. 



 

Voici quelques résultats:





"C'est bien, Clémentine?" me demandent-elles. Je leur réponds: "Rafatna!" (c'est très beau). Alors elles rient, en répétant "Hiii, rafatna, rafatna": ça les amuse beaucoup que je m'essaie à parler wolof. 

Elles me plaisent bien ces femmes. Solidaires, généreuses, pleines d'entrain et de joie de vivre...

lundi 13 septembre 2010

Le désert de Lompoul

J'ai profité de la présence d'amis lillois et du 4X4 de l'un d'eux pour partir en excursion à Lompoul vendredi dernier, le jour de la korité. Tant pis pour le repas de fête chez Fatou, notre cuisinière. Faire des choix, c'est d'abord renoncer, me rappelle Geoffrey...

Une partie du trajet se fait sur la plage, l'océan d'un côté, les pirogues échouées de l'autre.


Nous arrivons à Lompoul sur mer, puis à Lompoul village et enfin au campement. 


 Nous sommes les seuls touristes: tous les autres campements sont fermés à cause de la fête. Papé a bien voulu nous accueillir malgré tout. Très chouette ce Papé.
Le désert est très petit (une surface de 5km² environ), mais selon certains angles de vue, il assure le dépaysement!


Politique de boisement des dunes, pour éviter qu'elles empiètent sur les terres habitées.


Nous rencontrons tout de même un peu de vie...


A l'entrée d'un autre campement, nous faisons connaissance avec les surfeurs des dunes.




En haut d'une dune, à la lumière du soleil couchant...


Le lendemain, quelques minutes avant le départ... et avant la tempête!



Papé, impuissant face aux rafales de vent, face au sable qui tourbillonne dans les airs avec violence, face à l'averse qui le trempe jusqu'aux os.


Papé, qui a refusé une place au sec dans la voiture.


La vue depuis notre local (2)



Saint-Louis après trois nuits d'orage


Diamaguene, le quartier où je travaille en ce moment pour l'atelier 'maquettes textile'.


Vue depuis le balcon du salon (bien au sec!).

lundi 6 septembre 2010

03.09.2010 - Virée à Dakar et à Gorée

Saint-Louis - Dakar

Huit heures du matin. 
Gare routière de Saint-Louis. 

On attend trois autres personnes pour remplir le taxi sept places: vieux break avec trois sièges aménagés dans le coffre. Mieux vaut ne pas avoir ces sièges-là! Comme nous sommes les premiers, nous avons le privilège du choix: nous occuperons la banquette du milieu.


J'espère qu'on ne va pas attendre trop longtemps avant de prendre la route pour la capitale. Une pensée pour Madame Diop: "Tu sais Clémentine, ici, on est au Sénégal..." Je suis assise dans le taxi, la porte ouverte. Il y a encore cinq minutes, j'étais entourée d'une dizaine de Talibés. 

Je leur chante une comptine africaine: "Zamina mina, eh, eh, waka waka, eh, eh". Ils rient d'abord. Puis certains suivent timidement: "Zamina, mina..." D'autres me demandent de l'argent ou un biscuit. Mais ils sont trop nombreux. Si je donne des biscuits à ces dix-là, je suis sûre d'en avoir cinquante autour de moi dans quelques minutes. Et je serai totalement dépassée. Alors je chantonne encore, leur pose quelques questions en wolof, apprends le bras de fer chinois à l'un d'eux, serre la main à celui qui me tend la sienne pour recevoir de l'argent, ce qui amuse beaucoup les autres. Je les observe. Ces regards si profonds. Des hommes déjà. Mais quel âge ont-ils? Dix ans à peine?


Notre taxi chargé, une dizaine de minutes avant le départ pour Dakar:


Geoffrey s'installe côté fenêtre gauche, Guillaume au milieu (une partie du trajet, le temps de prendre quelques photos en route, je lui dis, on changera au premier arrêt) et moi, forcément, côté fenêtre droite. J'ai le siège le plus large de tout le taxi, avec dossier incliné en plus (il est cassé, impossible de le redresser)! Plusieurs fois, je proposerai à Guillaume d'échanger ma place. Il refusera. Mais ajoutera, arrivés à Dakar: "Au retour, on se placera autrement."

Ambiances de la banlieue dakaroise:




Dakar - Gorée

Nous posons le pied à Dakar vers 13h30. A 14h30, nous sommes déjà en mer, direction l'île de Gorée. Pas eu envie de rester plus longtemps dans la grande ville: le harcèlement des chauffeurs de taxi à la gare routière, la pollution, les grands immeubles, les grandes voies de circulation, encore la pollution, vite, vite! Partons!

Après un voyage mouvementé (une terrible averse ayant excité l'océan), nous découvrons avec plaisir les maisons colorées de l'île.


Nous continuons notre balade après une courte pause à l'auberge.




Dakar et ses tours depuis la rive goréenne.



Le lendemain matin, sous un ciel plus clément.




Avant de reprendre le bateau pour la capitale, j'irai rejoindre la Djambolo Family et enregistrer un très beau morceau de kora accompagnée de djembé...

Je n'ai pas vraiment profité de Dakar, mes intestins ayant mal supporté l'omelette et les frites imbibées d'huile de la veille (aurais mieux fait de manger local...!). Alors pendant que les autres plongeaient dans la piscine olympique, j'ai discuté avec des marchands de Berkel. Confortablement installée dans leurs échoppes, à l'abri de la pluie, dans un beau fauteuil. J'étais gênée. Mais j'étais malade. Et ils l'avaient remarqué (et je leur avais dit: ça facilite la négociation et ça permet d'être plus tranquille :-). J'étais intéressée par une kora (voudrais prendre des cours à mon retour). Une longue discussion, d'agréables échanges, on oublie presque l'intérêt commercial. Jusqu'à ce que le doyen du groupe accepte juste ce qui reste dans mon porte-monnaie (moins le montant pour mon trajet de retour), c'est-à-dire pas grand-chose. J'étais contente! Encore plus quand l'un d'eux a proposé de m'emmener à la piscine en scooter (habitant dans le quartier voisin et ne tardant pas à rentrer chez lui). Découverte de la ville - et de la gare ferroviaire, magnifique - en passant par les routes cabossées et inondées de la ville. Une aventure qui m'a fait oublier mes maux un instant (sont revenus avec d'autant plus de ténacité le lendemain!).

Dakar - Saint-Louis

Je vous parlais des trois places dans le coffre qu'il est préférable de ne pas avoir, eh bien, pendant les quatre heures de trajet de retour, Geoffrey, Guillaume et moi y étions, les sacs sur nous, la kora en plus entre mes jambes, incapables d'effectuer le moindre mouvement...