mardi 31 août 2010

24.08.2010 - Réunion à la sénégalaise

Dans le cadre de l'atelier "maquettes textile", je vais travailler avec une association sénégalaise implantée sur le continent (quartier Diamaguene). 

Rendez-vous à 10 heures avec Madame Diop dans les locaux de son association. Pour me présenter à elle, parler rapidement du projet et mettre en place l'emploi du temps. 

J'arrive. Elle m'explique les actions de l'association et me fait visiter les lieux. Une fois dans la garderie, elle me dit: "On va attendre ici pour la réunion." "La réunion, quelle réunion? On ne devait pas simplement échanger quelques mots rapidement?" ai-je envie de dire. Mais je comprends qu'il est plus délicat de se taire. Deux femmes sont déjà là. Asalamalekum. Nga ga def. On s'assoit à l'ombre. Quinze minutes plus tard, une autre femme entre dans le cercle. Puis encore une autre. Elles viennent ainsi, au compte-gouttes. Ca dure. Il est déjà 11 heures. Nous sommes à présent une dizaine. Toutes sont couturières ou brodeuses. Et toutes veulent devenir formatrices pour l'atelier. J'en prévoyais deux. Je prévoyais aussi de les payer. Bon, il va falloir être très prudente, mais aussi très claire ce matin. 

On attend toujours. Je lance un timide: "On commence?" Madame Diop me répond avec un sourire attendri: "Tu sais, Clémentine, ici, on est au Sénégal. Et en plus, c'est le ramadan. Les femmes se lèvent, puis se recouchent. Il faut être patient."

A 11h30, les quinze femmes réunies, on a enfin entamé la réunion. Quand Madame Diop m'a dit qu'on verrait à deux pour le budget et que les formatrices ne s'attendaient pas à être payées (puisqu'elles apprennent un savoir en échange), je me suis sentie soulagée!

Voyage en pays musulman, qui plus est, en période de ramadan

Avis aux futurs voyageurs

Assurez-vous:

1. que votre logement ne se trouve pas dans un périmètre proche de la mosquée

2. que les minarets ne sont pas équipés de haut-parleurs, encore moins de haut-parleurs de piètre qualité qui crachotent et rendent l'écoute difficilement supportable

3. que le muezzin possède quelque qualité de chanteur (il est généralement choisi pour sa voix, mais mon expérience personnelle vous invite tout de même à la vigilance)

lundi 30 août 2010

La vue depuis notre local

En fin de matinée ensoleillée.


En début de soirée, après la rupture du jeûne.



Quand dehors, la pluie fait rage.

Les mouches


Je ne pense pas que je m'y ferai...

Nos ateliers

Un petit récapitulatif pour tous ceux qui ne savent pas exactement ce que je fais au Sénégal:

1. mon stage de fin d'étude
2. le but: sensibiliser la population saint-louisienne à son patrimoine
3. avec qui: la maison du patrimoine et le syndicat d'initiatives de Saint-Louis, Lille Métropole Communauté Urbaine (jumelage entre les deux villes et fête des 350 de SL cette année) et bien sûr, les habitants
4. comment: par la mise en place de différents ateliers (peinture des habitations et des édifices représentatifs de l'architecture de l'île sur de grandes pancartes, maquettes en bois et en textile qui pourront créer une petite économie liée au tourisme, animation et conte auprès des enfants en rapport avec le patrimoine aussi bien architectural que culturel). Je m'occupe principalement des maquettes textile et de l'atelier avec les enfants.

Les pancartes:




 L'atelier conte et dessin:





dimanche 29 août 2010

22.08.2010 - Zébrabar


Dimanche détente dans un campement à quelques kilomètres de l'île...



Carnet de croquis en main, je m'installe sur le ponton. J'aime cette perspective avec les enfants qui jouent dans l'eau, au loin. Mais à peine je dessine les premiers traits que, m'ayant aperçue, tous les enfants sortent du fleuve et accourent vers moi.
 



Me voilà assaillie! 
 

samedi 28 août 2010

21.08.2010 – Premier contact avec l’île de Saint-Louis

Mise en route pour l’île en début d’après-midi, après une matinée tranquille sur la terrasse. Nous avions besoin de temps pour émerger. Monika et Guillaume nous proposent de marcher jusqu’à l’île plutôt que de prendre un taxi. Nous découvrons les rues de Balacos, notre quartier : les bouis-bouis, les publicités pour Orange, Tigo (concurrent d’Orange) et Nescafé, les stations essence Oil Lybia et Total, une fabrique de parpaings, le minaret de la mosquée, un dépôt d’ordures où les chèvres mangent les feuilles de papier et les chats dégustent quelques restes de poissons, l’église où j’irai enregistrer les chants accompagnés de djembé un dimanche matin, les palmiers, le centre de santé, les boubous colorés des femmes, la terre poussiéreuse le long de la route goudronnée, les taxis noirs et jaunes qui klaxonnent : « Vous voulez monter ? », quelques enfants des rues (les talibés) qui nous demandent de l’argent, un bonbon, ou simplement « Comment ça va ? ». Je réponds en wolof : « Magui fi. » et poursuis : « No toudou ? », ce qui veut dire « Comment tu t’appelles? » Ils répondent, surpris, le regard pétillant.





Arrivée au pied du pont Faidherbe, en travaux actuellement: ses grandes arches ont besoin d'être changées. Les carcasses métalliques gisant sur la rive du fleuve sont impressionnantes. La traversée du pont, l'eau couleur sable à perte de vue, le profil des maisons coloniales qui se dessine sur l'île m'envoûtent.
 
 


Après avoir parcouru la moitié de l'île - dont l'ambiance me charme vraiment -, nous faisons connaissance avec Marie-Caroline Camara, une franco-sénégalaise, présidente du syndicat d'initiatives avec qui nous collaborons.

 





La ville a beau avoir été classée au patrimoine mondial, l'état de la majorité des maisons à qualité architecturale est assez déplorable. Peu de fonds et la population préfère le neuf. Façon pastiche. Voici un exemple:


D'autres, à l'instar de Marie-Caroline, sensibilisés au patrimoine (et qui ont un peu de sous...!), aboutissent à des réhabilitations splendides:




lundi 23 août 2010

20.08.2010 - Jour de départ

15h45, Geoffrey me retrouve dans le hall de la gare Lille Flandres. En plus de nos sacs à dos et de nos bagages à main (trois en ce qui me concerne), Suzanne Hirschi, notre enseignante qui gère le projet de coopération avec Saint-Louis, nous a confié un "sac arabe" et une valise à roulettes. Nous voilà bien chargés! Contrairement aux jours précédents, la météo est digne du mois d'août: on avoisine les 30°C et aucun courant d'air ne nous rafraîchit. On souffre de la chaleur rapidement. "Qu'est-ce que ce sera au Sénégal?" nous lance sur un ton railleur un ancien camarade de lycée. Nous l'avons croisé dans le train et avons partagé l'heure de trajet avec lui. Arrivés à Paris, il nous propose son aide pour porter les sacs jusqu'au RER. Quelle aubaine! 


Il y a du monde. Et toujours pas d'air. Je rougis. J'ai les capillaires à fleur de peau. Une pensée pour nos vacances romaines. 


Descente à Antony puis huit minutes d'Orly Val jusqu'au terminal sud.


Personne à l'enregistrement, pas de surcharge pour les bagages, pas besoin d'emballer les sacs, un rayon de soleil qui perce jusqu'au comptoir, bref, nous sommes chanceux.


Un gros avion à deux étages. Un quart des sièges occupé. "C'est la fin des vacances, il sera plein au retour.", nous explique une hôtesse. Des fourmillements au décollage puis je recouvre toute ma sérénité une fois dans les airs, l'avion stabilisé. Discussion, plateau-repas, sieste. Je jubile à l'idée de pouvoir m'allonger sur une rangée de quatre sièges! Malheureusement, les accoudoirs ne se lèvent pas. Je peste. Un peu. Puis je me glisse sous eux. Ce n'est pas si mal.

Après cinq heures de vol, nous atterrissons à Dakar. Il est une heure du matin, heure locale. Chaleur et humidité nous surprennent à la sortie.


En quarante minutes, nous avons passé les douanes, récupéré nos bagages et trouvé Jules, un Sénégalais, qui nous a conduit jusqu'à notre chauffeur - notre statut de participant à un projet de coopération nous offre certains avantages :-) Si j'insiste sur la facilité avec laquelle s'est déroulé notre voyage, c'est parce que notre prof m'en avait dressé un portrait presque apocalyptique. Depuis leur arrivée à Paris (ils étaient trois, encore plus chargés que nous): une heure entre le quai et le RER, surcharge pour les sacs, emballage à 9 euros/pièce, trois heures entre la sortie de l'avion et la récupération des bagages, Guillaume assailli par les Sénégalais qui laisse filer les bagages à droite à gauche, un certain temps pour les retrouver et dénicher le chauffeur envoyé par la mairie de Saint-Louis.


Moussa nous amène à Saint-Louis en un temps record: trois heures! Au minimum, il en faut quatre. Généralement, cinq. C'est vrai qu'il n'y avait pas de circulation, mais quand même, j'ai eu quelques frayeurs. Guillaume, qui est venu nous chercher à l'aéroport, m'expliquera plus tard que Moussa avait une autre course à huit heures et qu'il devait espérer pouvoir dormir un peu avant de retourner sur Dakar.


Sur la route, je retrouve les chiens errants, les arrêts réguliers de la police, les salamaleks, la poussière du bord de route, des odeurs de terre et de vie, les gendarmes couchés (dos d'âne local), les bouis-bouis, les marchands ambulants, des petits groupes d'hommes, parfois en pleine discussion, inactifs la plupart du temps, des maisons au toit plat et dépassant rarement un étage, les sacs plastiques, une conduite épique et un vieux radio-cassette qui libère de la musique. Malienne, ce soir. Je souris. Et m'endors.