Hier, en rentrant d'Océan et Savane - campement entre l'océan et le fleuve où nous nous sommes gobergés toute l'après-midi -, j'ai entendu des percussions depuis notre terrasse.
Un mois que je suis au Sénégal et je n'ai toujours pas dansé. Quelle frustration! Il y a eu le ramadan jusqu'à la semaine dernière, la fatigue après les journées d'atelier et une soirée concert annulée vendredi. Je me retrouve à danser seule dans ma chambre certains soirs; ce n'est pas vraiment ce à quoi je m'attendais... Alors, je suis descendue dans la rue et ai marché jusqu'à une petite cour, guidée par le rythme du sabar.
Trois femmes et quelques enfants sont postés à l'entrée. Je me glisse parmi eux et découvre une foule de femmes assises en U, le regard enthousiaste dirigé vers le groupe de musiciens qui anime cette petite fête de quartier.
Une Blanche parmi les Noirs passe rarement inaperçue: un des musiciens me repère et me fait signe de venir prendre place dans le cercle. J'obtempère. A peine suis-je assise qu'il m'appelle à ses côtés, sur la "scène", pour quelques pas de danse. C'est très furtif, un mouvement de bassin et c'est fini. D'autres femmes après moi sur la piste. Des rires, des applaudissements. Un jeu de séduction avec les percussionnistes de temps en temps. J'aimerais y retourner. Ne pas suivre les pas traditionnels, mais improviser. C'est comme ça que j'aime danser. Mais je n'ose pas. Je voudrais que quelqu'un m'invite à nouveau au milieu de l'attroupement. Rien d'abord. Puis une petite fille à ma gauche me tapote l'épaule et me dit: "Tu vas danser? Allez, vas danser." Il ne m'en faut pas plus. Je me lance. Pieds nus sur le sable. Quelle agréable sensation! J'aimerais rester là longtemps, mais je ne pense pas que ce serait bien vu par les femmes: lors du sabar, les moments de danse sont très courts, quelques minutes puis on se rassoit. On peut y retourner autant de fois que l'on souhaite, mais j'ai l'impression qu'il ne faut pas monopoliser la piste. Je danse donc, un peu. Deux rappels de leur part: je danse un peu plus. Mais pas encore assez pour rassasier mon appétit.
J'ai dit aux garçons que je partais une demi-heure. Ils ont peut-être besoin des clefs. Je rentre.
1 commentaire:
Je ne sais pas pourquoi je repense à ce danseur célèbre qui disait "je danse donc je sue".
Connaissait-il la danse du ventilateur?
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